Suite à l'article précédent, la question qui m'a été posée est de savoir si les pellets disponibles pouvaient ou non répondre à la demande d'énergie. En effet, la biomasse sous forme de pellets semble être une excellente opportunité de diversifier notre mix énergétique tout en étant environnementalement intéressante. Mais où en sommes nous en chez nous?

Quelques chiffres

En Wallonie, la capacité de production était d'environ 600 000 tonnes de pellets [1] en 2012 et actuellement elle serait d'environ 650 000 tonnes [2]. Cependant seuls 200 000 tonnes sont exploitées en Wallonie à des fins de chauffage et le reste de la production est exporté à nos pays voisins.

Il faut toutefois savoir que la Wallonie consomme environ 1 700 000 tonnes de pellets qu'elle importe majoritairement des pays de l'Est et du continent américain. Ces pellets sont notamment utilisés dans des centrales de production électrique comme celle des Awirs qui nécessite à elle seule environ 350 000 tonnes de pellets annuellement (sur base des chiffres officiels de ce document).

Mais revenons un instant sur la capacité de production wallonne et les besoins wallons et belges du secteur résidentiel... Ces 650 000 tonnes de pellets représentent une énergie d'environ 2630 GWh*. Sachant qu'un ménage wallon moyen consomme environ 20 000 kWh d'énergie pour ses besoins en chauffage et en eau chaude sanitaire [REF], cela représente potentiellement les besoins énergétiques pour ces besoins de 10 % des ménages wallons** [REF,REF2] selon les performances énergétiques actuelles (ou 3% de la consommation des ménages belges).

Si, comme c'est prévu par la Belgique, les consommations du secteur résidentiel diminuait de 80% (par une isolation accrue du bâtis), le bois pourrait devenir l'une des sources énergétiques majeures pour le domaine du chauffage... puisque son utilisation dans le domaine de la production électrique est moins intéressant. En effet, la production d'une centrale électrique classique alimentée au bois est de l'ordre de 35 % contre 90 % si ce même bois est utilisé à des fins de chauffage. N.B.: il est existe également les centrales dites de cogénération qui produisent simultanément de l'énergie thermique ET électrique et dont le rendement global avoisine les 80 à 90 % en fonction des conditions opératoires.

Dès lors, la biomasse sous forme de pellets pourraient contribuer à diminuer notre dépendance aux combustibles fossiles pour le chauffage. Il est évident qu'il est également possible d'utiliser le bois sous forme de bûches mais il est délicat d'estimer le potentiel de cette énergie ne disposant pas de chiffres officiels. En effet, une partie non négligeable du bois sous forme de bûche se vend de particulier à particulier et échappe à toute forme de statistiques comme en témoigne les réponses suivantes de deux organismes (FEBHEL et Valbiom) où j'ai mis en exergue les difficulté de la réalisation de ces statistiques:

- Lorsque l’on souhaite obtenir des informations chiffrées sur le bois-bûches, on part généralement de la consommation (en grande majorité pour le chauffage domestique). Le problème, c’est que cette consommation n’est pas connue avec précision ! Les chiffres officiels du Bilan énergétique de la Wallonie (dont je vous joins la dernière version (2016) en pièce jointe) estime la consommation domestique en 2016 à 591.400 tonnes (page 79). Mais il s’agit bien d’une estimation, basée sur l’extrapolation subjective d’une ancienne enquête à la consommation. L’AWAC a relancé cette année une enquête sur le chauffage domestique, et nous espérons que celle-ci nous permettra d’obtenir plus d’information sur la consommation domestique de bois-bûche, mais également sur l’origine de ce bois (achat, autoproduction, import, etc .).

-Malheureusement, (...), nous n'avons pas de données précises et fiables pour cette filière, d'autant plus si vous souhaitez différencier entre bois "belge" et importé. Une première approximation pourrait être faite en consultant le DNF pour leur vente de bois de chauffage, mais cela ne donnera qu'un aperçu de ce qui est "produit" et non pas consommé en Belgique. Un contact avec certaines entreprises productrices de bûches sur le territoire pourrait également donner une idée. Mais la majorité étant produite par les particuliers, cela reste difficile d'espérer avoir un jour un chiffre précis. Les chiffres d'une étude sur les flux de bois en région wallonne (datant de 2014) font état de 522.000 m³ (soit en grossière estimation 399.176 tonnes à 23 % d'humidité) de bois feuillus exploité dans la forêt wallonne et valorisé en bois de chauffage. Cela semble concorder avec les chiffres estimés de consommation dans le bilan énergétique de Wallonie tels que cités par Pierre-Louis (591.400 tonnes).

Il est possible d'ajouter que la consommation de ces bûches n'est pas directement liée à la production locale puisqu'une partie du bois sous forme de bûche est importé. Quoi qu'il en soit il importe aussi de souligner que les inserts alimentés par bûches émettent davantage d'émissions de polluants que leurs équivalents "pellets" d'autant plus si ceux-ci sont âgés. Il convient donc de conditionner l'apport énergétique du bois sous forme de bûches lorsque celui-ci est utilisé uniquement dans des appareils performants.

Quoi qu'il en soit la biomasse sous forme de bois pourrait donc satisfaire à terme la quasi totalité des besoins thermiques résidentiels.

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* Dans ce calcul, un pouvoir calorique inférieur (PCI) de 4.5 kWh par kg de pellets est considéré. En général le PCI du bois varie entre 4.5 et 5 kWh/kg [REF]. En tenant compte de l'utilisation des pellets dans des systèmes avec une performance de 90 %.

Références complémentaires

[1] http://clusters.wallonie.be/tweed-fr/secteur-biomasse.html?IDC=3708&IDD=23242

[2] Discussion informelle avec le président de la Fédération interprofessionnelle belge du bois énergie